Je roule avec Richard Virenque pour l'Etape du Coeur (Tour 2005)

Publié le par Julien HOLTZ

Les coureurs de la Discovery Channel et du Team CSC ont parcouru l'étape en 1h11 à 57,31 de moyenne. Nous en 1 heure de plus !
 
En l’honneur du Professeur Francine Leca, Chef du Service de Chirurgie Cardiaque Pédiatrique de l'Hôpital Necker Enfants Malades et de son association « Mécénat Chirurgie Cardiaque », et le Tour de France accueillait « l’étape du Cœur ». Un peloton de personnalités du sport, du spectacle et des médias s’est engagé pour soutenir l’association et arpenter ensemble et en vélo les 67,5 km séparant Tour de Blois. Comme le sont le Professeur Leca ainsi que Claude Michel l’organisatrice de l’événement, l'ambiance était très conviviale.
 
Ce contre-la-montre des stars rapportera au Mécénat Chirurgie Cardiaque de quoi financer 2 opérations. Francine Leca parle également de 25 opérations permises par la vente du Petit Ourson.
 

le parcours en noir et jaune
 
 
> Les VIP engagés dans l'aventure
  • Richard Virenque (Ancien coureur, 7 maillots à pois sur le Tour pour l’anecdote)
  • Pascal Hervé (Ancien coureur, ex-coéquipier de Virenque)
  • Magali Le Floc'h (Coureuse cycliste, Championne de France 2005)
  • Thierry Lacroix (Ancien rugbyman, consultant pour FranceTélévision)
  • Guy Roux (vice-président de l'AJ Auxerre)
  • Roxana Maracineanu (Championne du Monde 200m Dos, 1998)
  • Julie Pomagalski (Snowboard, Championne du Monde boardercross 1999)
  • Arnaud Clément (Tennis)
  • Paul Belmondo (Pilote et directeur d’écurie Le Mans Series)
  • Gérard Holtz (Journaliste tv, FranceTélévisions)
  • Antoine De Caunes (Comédien, réalisateur, ex-animateur tv Canal+)
  • Olivier Rivoalen (Magasins Vélo&Oxygen)
  • Anthony Delon (Comédien)
  • Dominique Bergin (Président Look Cycle)
  • Jean Paul Naddeo (Larousse, Petit Robert)
  • Didier André (Pilote Championnat Indy)
  • Philippe Bouvet
  • Jean Pierre Danguillaume (ancien coureur, vainqueur de 7 étapes du Tour)
     
    C’était l’occasion pour certain de se remettre en selle : Guy Roux reconnaît ne pas être monté sur un vélo de course depuis 30 ans ; Olivier Rivoalen et Dominique Bergin tous les 2 très impliqués dans leurs métiers respectifs dans le vélo ont peu roulé ces derniers temps ; pour Antoine De Caunes même tarif, ses rôles au cinéma lui interdisent toute pratique sportive à risque avant et après le tournage. C’était pour d’autres l’occasion de changer de discipline le temps d’un événement : Arnaud Clément du tennis au vélo, Roxana Maracineanu de la natation au vélo (espérons que cela lui soit bénéfique à terme pour le triathlon à l’ACBB), Julie Pomagalski du snow-board au vélo (une sportive endurante et accrocheuse au vu de son courage à rester dans les roues).
     
    > 20 km pour se mettre en jambes
     
    Les 20 premiers kilomètres sont parcourus à un très léger rythme entre 27 et 30 pour ne pas lâcher Guy Roux qui découvre les bicyclettes modernes avec ses baskets sur des pédales automatiques (pas pratique !). Petit plateau, les jambes tournent tranquillement. Les discussions vont bon train. Richard Virenque anime la troupe, tout heureux de pouvoir partager son sport avec des pratiquants atypiques. Vue l’allure extrêmement réduite du groupe, la pause pipi est envisageable. Je m’attache donc à prendre 300 mètres d’avance sur le peloton en mettant la « plaque » (le grand plateau) à 45 km/h puis en revenant tout aussi vite et en me faufilant entre les voitures suiveuses. J’ai alors compris sur le terrain comment doivent manœuvrer les coureurs sur le Tour pour « revenir dans les voitures ». Zigzaguer et s’abriter.
     
    On entend Thierry Lacroix, blagueur invétéré, amuser la galerie. Ce matin, il partait le vélo sur l’épaule. Rira bien qui rira le dernier. Thierry, très élégant en cuissard (rires) suera à grosses goûtes en pratiquent un effort que son sport ne lui faisait pas endurer. Et c’est « les fesses en fleur » qu’il va rallier l’arrivée, situation qui n’a pas manqué de tous nous faire mourir de rire.
     
    Sur le bord de la route, nous entendons des clameurs nourries, applaudissements, encouragements qui font chaud au cœur. Les prénoms les plus souvent cités sont Richard (Virenque) et Gérard (Holtz). Deux personnages parmi les personnalités les plus populaires du Tour de France, appréciés du public parce qu’ils sont vrais, naturels, simples, accessibles et généreux. Cette joie des spectateurs qui nous accompagne dans l’effort doit être un considérable support pour les coureurs dans les étapes de haute montagne lorsqu’ils sont échappés ou au contraire dans le rouge. En tout cas quel bonheur pour ma part, après avoir vécu 4 fois le Tour de France dans la caravane publicitaire en entendant « allez Richard ! », « une casquette ! », « Champion ! », « Grand’Mère sait faire un bon café ! », maintenant c’est un « allez Richard ! » sur le vélo.
     
    > Les stars secouent le peloton !
     
    Après avoir été gentiment poussé par Richard Virenque – c’est bon pour la musculation de l’épaule - Guy Roux est embarqué dans le break Look. Le groupe désormais va pouvoir rouler un peu plus vite. Et les amateurs de vélo ainsi que Virenque et Hervé vont pouvoir s’amuser et lancer des attaques pour le fun ou pour le bluff. Dès le pk (point kilométrique) 20, Paul Belmondo, Antoine De Caunes, Anthony Delon, Arnaud Clément pointent leur nez en tête et lancent des banderilles. Ce sera ainsi jusqu’au pk 40. Les attaques fusent mais les relais ne sont pas aussi appuyés qu’à l’Hippodrome de Longchamp (terrain d’entraînement des amateurs à Paris). Au bout de 2-3 relais les coureurs se relèvent et c’est compréhensible : ils n’ont pas la condition. Au milieu de tout ça, vu mes 4000 km d’entraînement depuis Janvier, je me régale !
     
    Anthony Delon a des fourmis dans les jambes. A Lussault Sur Loire, il se place en tête du groupe et accélère l’allure. Les 1000 km d’entraînement qu’il a fait dans les 4 dernières semaines en prévision de cette étape du cœur lui suffisent pour suivre la cadence du peloton. (à l’arrivée à Blois, il me confiera qu’il va se mettre sérieusement au vélo). Paul Belmondo répond bientôt en emmenant dans sa roue Olivier Rivoalen, Antoine De Caunes, Gérard Holtz et moi. Nous allons faire 2 kilomètres à un rythme de 40 à 45. Puis tout ce petit monde se relève. Peu après le passage au chrono intermédiaire, C’est Pascal Hervé qui attaque. Richard Virenque saute dans sa roue et ils vont « s’abriter dans le coffre » du 4x4 Mercedes siglé Eurosport et Garage Grémeau (en évitant si possible la chute de Jan Ullrich à la veille du CLM de Fromentine). Je suis calé dans la roue de Belmondo qui est juste derrière Hervé. Virenque en 4ème position. Belmondo prend le relais puis vient mon tour. Nous sommes à 45, j’accélère progressivement à 48 puis 50 … je regarde dans le rétroviseur de mon casque (c’est pratique pour garder une position aérodynamique), Hervé s’est relevé, Virenque aussi.
     
    > Paranthèse "Physiologie"
     
    Depuis sa retraite, Virenque a cessé l'entrainement intensif et les courses. Il avoue avoir pris 10 kg. Il est passé de 63 kg, son poids de forme à 73 pour 1,79 m. Notez que 73 kg, c'est encore honorable pour tout sportif amateur qui se respecte. Seulement ces 10 kg en plus, pour les emmener dans les cols, il faut que ce soit pour partie de la masse musculaire. Pour ma part, en un an, j'ai fait le chemin inverse. J'ai commencé le vélo il y a un an (avril 2004) et très vite j'ai perdu 7 à 8 kg : pour la même taille que Richard, je suis passé de 77,5 à 70 kg. Et même 68 kg à l'arrivée de ma première cyclosportive (La Picarde, 189 km, septembre 2004). Depuis, mon poids n'a plus évolué, le cyclisme a transformé mon métabolisme en assechant les tissus, en faisant fondre les graisses.
     
    (Il se dit que lors d'une sortie d'entrainement de plus de 2 heures, le cycliste commence à consommer ce que son corps a stocké. Les gens se demandent souvent comment faut-il faire pour maigrir. Bien ma solution : Faites du vélo ! La pratique sportive du vélo est très consommatrice d'énergie. Donc de glucose. L'organise commence d'abord par consumer les glucides récemment apportés par l'alimentation puis il s'attaque à ce qu'il a stocké, glucides et lipides qu'il transforme en énergie. Si vous ne voulez pas faire du sport pour maigrir et c'est dommage car c'est vecteur de plaisir, l'équation de l'amaigrissement est simple : mangez moins que vous n'en avez besoin ! Pour un cycliste pro en activité, la question de se pose pas : ils ont besoin parfois de plus 10000 kcal dans une journée. En revanche c'est ce qui explique leur prise de poids lorsqu'ils sont à la retraite. Un homme normal n'a effet pas besoin de plus de 2500 Kcal / jour. Alors autant faire attention à ce qu'il mange s'ils arrêtent de pédaler !)
     
    Cependant, en 2005 et même en forme et par forte chaleur, je peine pour l'instant à passer sous les 69 kg. C'est signe que je suis dans une deuxième phase : après l'amincissement est venu le temps de connstruction musculaire. Les cuisses sont plus volumineuses et plus sèches, les quadriceps ont grossi, les mollets sont dessinés. Indicateur de forme : je me sens capable d'accélérer plus fort, de tourner les jambes plus vite. Je peux rouler près de 2 heures à 40 km/h de moyenne dans le peloton à l'hippodrome de Longchamp. JE suis conscient que je reste néanmoins un pur amateur à des années lumières des coureurs pro. Leur moteur n'est pas le même. (Un coureur peut rouler jusqu'à 40000 km / an entre stages, entrainement et jours de course) C'est fascinant de découvrir le pouvoir qu'on a sur son corps. Paranthèse "Physiologie" fermée.
     
    En arrêtant toute pratique intensive, les coureurs cyclistes perdent à la fois leur puissance musculaire et leur efficacité cardiaque. Le coeur a tendance à monter plus vite et pomper moins fort lorsqu'il n'est plus entrainé. Les jambes n'ont plus la même puissance. Pour n'importe quel coureur cycliste, une coupure de 2 semaines est déjà terrible pour la condition physique. Alors imaginez quand il s'agit d'un pro qui coupe définitivement. Retraité depuis la fin de saison 2004, Richard Virenque m'a confié ne plus pouvoir monter l'un de ses cols préférés (le col de Babaou) dans l'arrière pays varois comme lorsqu'il était affûté. En 1 an, il a perdu 10 km/h ! Là où il passait grand plateau à 24 km/h, maintenant, il ne passe plus qu'à 14.
     
    > Accalmies pour discussion de passionnés et confidences avec Richard Virenque
     
    Nous ralentissons fortement pour attendre la majorité du groupe. J’en profite pour discuter avec Virenque. « Il te va bien ce vélo Look Richard ! ». Il regarde alors à son tour ma position sur le vélo : me demande de tendre la jambe, la pédale le plus bas possible. Il me touche l’arrière du genou pour vérifier la flexion et la tension de ma jambe. « Tu pourrais remonter un peu la selle, et enlever une rondelle sous la potence ». Je le relance alors sur le sujet de l’ergonomie et notamment sur les grands moments de sa carrière :
  • Le CLM de St Etienne (1997) : « A cette époque, j’étais à fond sur les chronos ! ». C’est à cette époque qu’il s’était concentré sur la position ergonomique.
  • Son comportement en CLM par équipe : « - Richard, en tant que grimpeur, tu ne devais pas être à l’aise en CLM par équipe ? » « - Faux ! J’étais de ceux qui relançaient sans cesse l’allure. J’adore les contre-la-montre par équipes ! Le collectif ça me transcende !
  • Sa victoire à Morzine suite à la chute de Heras en 2000 (16ème étape Courchevel-Morzine) : « Je savais qu’il était mauvais descendeur, alors je l’ai laissé passer devant et j’ai vu qu’il allait louper le virage … » (Pour info, Virenque venait de rentrer sur Heras dans le Col de Joux-Plane et de distancer Armstrong qui subissait l'une des pires journées de ses 6 Tours victorieux, tentant de limiter les dégats sur Ullrich)
  • A propos de Paris Tours, il nous parle de la moto image avec le caméraman de la SFP qui lui donnera les écarts jusqu’à la ligne d’arrivée et l’encouragera.
  • Puis en 2003 en faisant sauter Aldag dans la 7ème étape (Lyon - Morzine): « J’ai mimé la souffrance, le coup de barre. J’ai fait celui qui avait une fringale. Aldag a alors tout donné, je me suis laissé décroché à 10m. Il s’est mis dans le rouge et je l’ai fait péter ! (Pour info : Dans l'ascension du col de la Ramaz, le plus dur de cette étape, le coureur de l’équipe Quick-Step a distancé ses compagnons malgré la résistance d'Aldag. Il était revenu sur les échappés avec Jesus Manzano de la Kelme qui s'est arrêté au bord de la mort dans l'ascension du col de Portes). Virenque avoue : "Au rythme où il montait, j'ai bien cru qu'il me ferait péter !".
     
    Enfin, à propos des voitures sportives rouges, Virenque nous confiera que Manuel Rodriguez, Manager de l’équipe Festina dans laquelle il venait de signer en 1993, lui avait promis sa Ferrari pendant 4 mois si il gagnait l’étape de montagne du jour. N’ayant plus de jambes, il n’a pas gagné mais eu quand même le droit de conduire le bolide.
     
    > Au bluff avec P.Belmondo, R.Virenque et P.Hervé ..... :-D
     
    Après quelques encablures groupés, Richard Cœur de Lion veut de nouveau amuser la galerie et dynamite comme il sait le faire le groupe en titillant les bons cyclistes. Alors qu’on le retrouve en tête du groupe, Richard Virenque, d’humeur badine, lance une attaque et regarde qui vient se frotter …. C’est Gérard Holtz qui fait l’effort et va le chercher sur la gauche de la route. Dans sa roue, malgré une bonne vitesse à 45, je vois qu’il aurait du mal à faire le fort (manque d’entraînement, donc manque de puissance), j’allais me risquer à la passer entre le muret et lui mais me suis arrêté quand, comme les sprinteurs, j’ai senti que ça se refermait devant moi. Soit. Une fois dans la roue de Virenque, je prends l’initiative et visse encore un peu. J’accélère à 50 et je vois dans mon casque que la silhouette qui me suit ne réussit pas à revenir. Ca ressemble au coup de pédale de Virenque. J’insiste quelques centaines de mètres pour lui faire mal aux jambes puis je me relève … On se prend vite au jeux sur la route du Tour avec les ovations du public ! Le Professeur Francine Leca accompagnée par Claude Michel, l’organisatrice de l’événement, suit la course dans une voiture décorée aux couleurs de l’association. Très heureuses toutes les deux de l’implication avec laquelle nous animons la sortie, elles n’hésitent pas à nous encourager.
     
    La route est plane jusqu’au pk 46. Les accélérations, si elles ont étiré notre groupe sur plusieurs centaines de mètres n’ont fait de mal à personne puisque chacun avait la possibilité de rouler à son rythme et que nous nous étions donné pour règle de nous regrouper pour les derniers kilomètres quoiqu’il arrive. Justement, c’est groupés que nous passons au dessus de la Loire vers le nord. Le passage du pont est l’occasion pour Richard de nous parler des bordures (l’enfilade de coureurs va d’un bord à l’autre de la route). En sentant un fort vent de travers nord ouest (que nous avions eu de dos jusque-là), il nous explique qu’en formant un éventail à partir du bord gauche de la route, à partir du 8ème coureur les autres sont dans le vent s’il persistent à rouler en file indienne et prendront autant de vent que celui qui mène la bordure en tête. Il faut avoir le courage d’ouvrir un autre éventail, rester à quelques mètres de la queue du premier groupe et se forcer à ne pas rentrer dedans.
     
    > Battre Richard, mon idole, au grimpeur ?
     
    A l’approche de la cote de Cabinette, Pascal Hervé lance à Richard Virenque : « Allez Richard on fait le grimpeur ! » Et Pan ! Sur la gauche de la route alors que nous roulions tous à droite, ils avaient ajouté 2 dents au moins et partaient au sprint pour passer le haut de la bosse en tête après avoir été lancé par Pascal Hervé. Sentant le bon coup, je traverse la route pour aller me frotter à Richard sur un sprint court qui m’a tout de suite fait penser à ce qu’il faisait dans le dernier kilomètre en haut des cols pour aller chercher les points. Pascal pète très vite et je me retrouve au coude à coude avec mon idole. Et … nous finissons le sprint dans le même boyau. Un champion ne lâche jamais devant l’adversité. Bravo Richard ! Et quel bonheur de pouvoir rouler avec toi !
     
    Grâce à l’accélération nous avons pris une avance non négligeable sur les autres personnalités. Le relief légèrement accidenté et les changements de direction mettent la puce à l’oreille de Richard qui nous décrit comment les coureurs passeront lors du CLM. Vent, relief, bitume … tout y passe dans les repérages visuels que font les coureurs en prévision de leur épreuve sportive. A la faveur de la bosse, une sélection de 6 coureurs se retrouvent en tête : Richard Virenque, Pascal Hervé, Paul Belmondo, Arnaud Clément, Magali Le Floc’h et moi-même. Pascal déclenche une nouvelle fois les hostilités, Richard et Paul dans sa roue. Paul prend le relais puis Richard. En redescendant dans le groupe, Pascal ne se remet pas dans les roues. Il laisse un trou que je dois boucher à plus de 43 dans un enchaînement de faux plats. Même un trou de 5 mètres peut être très dur à combler lorsque l’on prend le vent. Retraité du vélo depuis 5 ans, Pascal Hervé reconnaîtra ne pas avoir eu les jambes pour tenir.
     
    La présence étonnante et active le temps d’un relais de notre tennisman de Coupe Davis (Arnaud Clément) en aura surpris plus d’un. Magali Le Floc’h prend un relais appuyé et fait mal à tous les mecs de ce petit groupe d’échappés. Belle athlète filiforme et femme au charme certain, c’est un vrai bonheur de rouler avec la toute nouvelle championne de France 2005. Au même moment, on apprend qu’à l’arrière, plusieurs centaines de mètres, Roxana Maracineanu a fait un soleil avec son vélo en voulant prendre la main tendue par un motard suiveur. Sa gentillesse et son sourire ne seront pas altérés par cette infortune et la fatigue.
     
    Au pk 55, nous attaquons une descente dans laquelle on peut admirer les qualités naturelles de Richard Virenque. Il prend une position aérodynamique comme les skieurs. Il lâche la main gauche de son guidon et la place dans son dos, il baisse sa tête presque jusqu’à son guidon. Déconseillé à tout coureur inexpérimenté ! On voit alors des ballons de baudruche rouges en forme de cœur par centaines et une signalétique « L’étape du cœur ». Un rassemblement festif nous barre la route pour célébrer dans la joie l’événement du Mécénat Chirurgie Cardiaque et féliciter les coureurs. Nous arrivons assez vite à reprendre notre parcours. La cote Molineuf arrive.
     
    > Je mène un train d'enfer dans la cote de Molineuf
     
    Dans le numéro de juin de Vélo Magazine, Jérémy Roy (Française des Jeux) appréhende cette cote pour le CLM par équipe : « Longue de un à deux kilomètres, elle est assez dure. En fin d’étape, elle va faire mal et pourrait désorganiser quelques équipes. Elles ne finiront pas toutes au complet ! » (En effet, très peu d’équipes ont fini à neuf). Après un virage à droite un peu fermé qui ralentira bien les coureurs, on attaque une cote avec un pourcentage intéressant : de l’ordre de 5 à 7%. Je suis alors en tête d’un peloton qui s’était regroupé. Je passe les premiers hectomètres de la cote (un pied assez sec) en danseuse aux alentours de 23-24 km/h, sans forcer et en souplesse avec 2 coureurs dans la roue. En me rasseyant, sur le grand plateau (52), je monte au train et je commence à visser sans à-coup pour finir la bosse entre 28 et 30 km/h sur 600 mètres. Dans ma roue, Arnaud Clément, Magali Le Floc’h, Richard Virenque et Paul Belmondo. A ma hauteur, la voiture Francetélévisions de Marie Christelle Maury (qui tourne des images pour le Vélo Club et le Journal du Tour) conduite par Denis Schmitt (vainqueur de la Chevreuse en Yvelines 2005). Denis m’encourage comme le font les directeurs sportifs dans les cols : « Julien, j’adore te voir comme ça ! Tu leur fais mal ! Il n’n’y en a pas un seul qui peut prendre le relais ! Ils sont pendus ! » … En effet, il n’y a guère qu’Arnaud Clément (bravo à lui !) qui prend un relais sur le plat une fois le sommet de la cote passé. Richard Virenque est monté bien à l’abri dans les roues (avait-il la force de faire davantage ?). Magali Le Floc’h, bien plus en forme, ne voulait pas se faire mal à ce moment-là sinon elle nous aurait tous déposés ! Virenque, visiblement essoufflé, nous lance : « Eh les gars vous avez mangé quoi ce matin ? »
     
    Nous rallions l’arrivée plus tranquillement d’autant que nous récupérons en route Guy Roux qui se remet en selle pour finir avec nous. Et au passage de la flamme rouge, Gégé (Holtz) attaque (pour le fun) et va se coller contre les barrières à gauche, Antoine De Caunes que je suis prend sa roue, Sachant que Gérard manque d’entraînement, je me prépare à ce que De Caunes le dépasse. Gégé lance le sprint mais l’accélération est faible. De Caunes se décale vers le centre de la route alors je rajoute quelques dents et je saute De Caunes sans aucune difficulté et leur prends une bonne cinquantaine de mètres. De toute façon, pour ce sprint gentlemen, il fallait que ce soit un Holtz qui gagne !
     
    La perspective d’une compétition donne « du jus », de la gniac. Pour peu qu’il y ait du vent dans le dos, sur les portions plates, on peut friser les 45-50. Attention toutefois dans ces cas-là à ne pas dépenser trop d’énergie avant l’échéance. Je suis mes pulsations, ma dépense énergétique, ma courbe de poids. Je pars reconnaître la partie du parcours que j’ignorais (Bullion – Gambais) et finalement en tire l’enseignement qu’il ne faut absolument pas s’inquiéter de cette portion-là. A défaut de temps je n’aurais pas reconnu une portion qui se révèlera plus ardue (Bazainville – Beynes) avec quelques bosses sèches. Enfin, comme un amateur débutant, j’aborde à peu près toutes les dimensions du « métier ». Reste plus qu’à…
     
  • Site de l'association : Mécénat Chirurgie Cardiaque

    Publié dans C'est mon aventure

    Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
    Commenter cet article
    D
    Bonjour, <br /> J'ai lu avec attention ton sujet sur Mécénat Chirurgie Cardiaque.Je suis moi même un ancien patient de Francine Leca (opéré à 14 mois), et il m'arrive de pédaler avec le maillot MCC... J'ai également participé à la première éditon et à la mise en place de l'etape du coeur.<br /> Bien à toi<br /> Julien.
    Répondre
    D
    Salut<br />  <br /> Bravo pour ton blog/site....<br /> Entre passionné on se comprend.<br /> J'ai roulé l'autre jour à 1° et aprés 50 km je commencais à faiblir.... je pense que le froid m'a bouffé pas mal de calories, j'ai vidé mes poches, mon bidon mais c'était dur. Je reprends l'entraienment.<br /> L'étape du coeur c'est chaque année ?<br /> Je prévois de faire la bernard hinault qui reprends cette année.<br />  <br /> Tchao<br />  <br /> Damien
    Répondre
    G
    <br /> Merci Julien pour la reconnaissance, et les explications de ce que tu apprends.... Tu apprends vite.... Une question, je souhaiterai sincèrement faire partie de l'EQUIPE de Mécénat et chirurgie cardiaque. Peux-tu me parrainer..d'autant plus que je serai de bons conseils...sur la route !! En attendant de te revoir rapidement. Amicalement à toi et à ta famille JFG<br />
    Répondre