VOTRE BIBLIOTHEQUE : Expressions du cyclisme (Paul Fabre)

Publié le par Julien HOLTZ

De Flinguer comme un patapon à Scier du bois ou Rester en croustille en passant par Manger de la luzerne, Becqueter de l'aile ou Bouffer de la laine, ou encore Enfoncer des clous voire Avoir de la laine sous les ongles ou Prendre l'autobus, le langage du peloton nous offre un immense bouquet d'expressions savoureuses, souvent mystérieuses... Langage métaphorique, inventif en diable, les locutions du cyclisme nous disent de façon imagée les péripéties de la course, l'état de forme ou de fatigue des coureurs, les pièges de la route et les mille détours de la compétition, bref, l'histoire et le monde du vélo en quelque sorte. C'est cette richesse et cette originalité que ce livre veut vous faire découvrir et pourquoi pas, partager.

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Biographie de l'auteur
Paul Fabre, professeur émérite de l'université Paul Valéry de Montpellier où il a enseigné la philologie romane, la grammaire et la stylistique, est aussi un cycliste accompli, qui a effectué randonnées et voyages, de Paris-Brest-Paris au Tour de France, des Diagonales au pèlerinage à Compostelle. Il a également publié cinq ouvrages sur les plaisirs du vélo et s'est investi longtemps dans la vie de la Fédération française de cyclo-tourisme. Aussi est-ce au double titre de grammairien et de pratiquant qu'il s'est passionné pour la langue du cyclisme ; il s'emploie ici à nous la faire connaître.

Extraits

Ajuster : c'est venir devancer, sur la ligne d'arrivée ou dans les derniers mètres d'un sprint, un adversaire qui était tout près de gagner. "Tu fais le mort pendant deux cents kilomètres et tu viens ajuster toute la meute sur la fin" (Géminiani).

Astiquer les rivets de la selle : cette métaphore s'applique au coureur à la peine qui reste assis à l'avant de la selle de son vélo. Autre variante : Etre/Se mettre sur les trois rivets ; Avoir la selle dans le trou du cul ; Faire du bec de selle.

Avoir de la laine sous les ongles : tenter de gagner en s'accrochant au maillot de son adversaire, se servant de cet appui pour se propulser en avant.

Avoir des braquets d'asthmatique : expression qui s'applique aux petits développements du coureur en difficulté ou à ceux qu'utilisent généralement les cyclotouristes. On parle aussi de Braquets pour grimper aux arbres.

Avoir la pancarte : vêtir le maillot tricolore du champion de France, le maillot arc-en-ciel du champion du monde ou le maillot jaune du Tour de France (ou quelque autre maillot distinctif).

Avoir la socquette en titane : avoir la pédale légère.

Becqueter de l'aile : se faire remorquer en s'appuyant de temps à autre sur l'aile d'une automobile.

Chatouiller les pédales : cette expression exprime l'aisance, la facilité dont fait preuve un coureur, grâce à de bonnes dispositions naturelles ou à un état de forme excellent.

Compter les pavés : rouler à une allure trop lente parce qu'on n'a plus de forces pour aller vite.

Coup de cul : élévation de la route sur une distance relativement courte qui nécessite de lever les fesses de la selle.

Courir en rat/en raton : tirer honteusement parti des efforts des autres alors que l'on n'en consent soi-même aucun.

Course à la pédale : course débarrassée de trop de considérations tactiques.

Descendre à la cave : tomber du grenier à la cave, exprime un revers de fortune important et subit.

Ecraser les pédales : pédaler en force et non en souplesse en appuyant alternativement sur chaque pédale au lieu de tourner rondement les jambes.

Emmener la braquasse : adopter un très grand développement et être capable de le "tirer", ce qui n'est évidemment pas à la portée de tout le monde.

En mettre un coup sur la meule : accélérer vivement l'allure ; on dit aussi Tirer sur la meule.

Enrhumer un adversaire : si l'été prochain, par temps de canicule, vous enrhumez Lance Armstrong en le doublant dans la montée vers Luz-Ardiden, c'est que vous êtes un sacré grimpeur !

En rouler une dégueulasse : effectuer un relais long et puissant pour provoquer une cassure, ou échappée ou propulser un équipier.

Enterrement de première classe : expression qui s'applique à un peloton au sein duquel tous les favoris de la course se trouvent et qui s'est plus ou moins désintéressé des coureurs échappés.

Envoyer dans la moulure : relancer la course sans discontinuer et surtout sans laisser le temps à l'adversaire de récupérer.

Etre dans la mafia : faire partie d'un groupe de coureurs qui, bien qu'ils puissent appartenir à des équipes concurrentes, s'entendent pour exclure des gains et des primes tout autre coureur qui n'a pas été invité à partager leurs intérêts. Expression similaire surtout adaptée à la piste : Etre dans le train bleu.

Etre un couraillon : cette expression s'applique, avec un peu de mépris, à un coureur médiocre ou dont l'intelligence en course est... limitée.

Faire connaissance avec la sorcière aux dents vertes : crevaison ou malchance.

Faire de la patinette : se laisser porter par la course sans y participer vraiment, tout en donnant l'impression d'être dans le coup.

Faire une sortie d'hôtel : expression qui s'applique à un coureur ou à une équipe qui porte une attaque dès le départ réel de la course.

Filocher : suivre facilement l'allure d'une course.

Gagner à l'emballage : gagner en devançant ses adversaires sur la ligne d'arrivée.

Le concours de grimaces est commencé : on dit que le concours de grimaces est commencé lorsque les hostilités, comme les premiers démarrages, démarrent.

Manger la luzerne : se dit d'un coureur qui, ayant perdu le contrôle de son vélo, va atterir dans un champ. On dit aussi Piétiner la luzerne ou Brouter.

Mettre la barbiche/la chape : devance d'extrême justesse un adversaire sur la ligne d'arrivée d'une course : il faut quelquefois la consultation de la "photo-finish" pour décider du vainqueur.

Mettre la flèche : abandonner une course.

Mettre la grande soucoupe : désigne de façon métaphorique le grand plateau du pédalier.

Mettre le nez à la fenêtre : tester ses adversaires en se portant en tête de la course ou en plaçant quelques accélérations afin d'évaluer leurs forces et leurs faiblesses et juger de l'opportunité de les attaquer.

Passer le coude : c'est notamment au cours d'un sprint et lorsque les coureurs frottent, s'efforcer d'empêcher un adversaire de passer en écartant son coude ou ses deux coudes.

Pédaler avec les oreilles : cette expression s'applique à un coureur dont le style manque de fluidité dans l'effort et qui balance la tête de droite et de gauche en pédalant.

Pédaler dans l'huile : c'est le contraire de pédaler dans la choucroute, c'est à dire avec aisance.

Piocher : ce verbe désigne un coup de pédale heurté et saccadé. On dit également Enfoncer des clous, Pédaler carré, Scier du bois.

Poser une mine : porter une attaque violente et soudaine.

Ramasser les casquettes : coureur ou équipe n'ayant rien gagné et ayant seulement fait acte de présence sur une course.

Rester en croustille : ne plus avoir de forces pour suivre les autres et se retrouver seul à l'arrière de la course.

Rouler en chasse patates : c'est être entre deux groupes sans réussir à rattraper le 1er et sans se faire rattraper par le 2ème (merci Alexandre)

Se rebecqueter : retrouver des forces, perdues pendant un certain temps.

Sucer la roue : rester à l'abri dans le sillage de ses adversaires en leur laissant accomplir toute la besogne et en espérant tirer profit de leurs efforts.

Talonner de l'arrière : avoir le boyau ou le pneu de la roue arrière en partie dégonflé, ce qui a pour conséquence de faire ressentir au coureur tous les ressauts de la route et toutes les inégalités de la chaussée. On peut aussi Talonner de... l'avant.

Visser la poignée : se mettre à rouler très vite et à augmenter cette vitesse à la manière d'un motocycliste qui tournerait vivement la poignée des gaz de sa moto.


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